TOURNOI UFOA B U20/ DEUX RAISONS DU NOUVEL ÉCHEC DU TOGO

Les Éperviers du Togo sont sortis du tournoi en cours au Niger avant même la dernière journée de la phase de groupes. C’est la conséquence sportive des deux défaites enregistrées en autant de matches. Au-delà de la déception et peut-être de la frustration, il est pertinent d’esquisser quelques raisons de ce nouvel échec.

Sous la houlette du sélectionneur Ametokodo Mensah, les Éperviers U20 ont disputé deux matches, encaissé 3 buts sans pouvoir en marquer. L’opinion s’accorde à reconnaître que la sélection n’est pas ridicule sur le terrain mais cette inefficacité offensive et ces défaites ne sont pas de nature à accorder un quelconque sauf-conduit au groupe.

Sabotage institutionnel

La formule peut paraître rude mais elle ne l’est qu’en apparence. Le bureau actuel de la fédération est en place depuis 6 ans. Dans son bilan d’activités, nulle trace de championnats de jeunes. Si au cours du premier mandat on peut leur accorder le bénéfice du temps nécessaire pour prendre ses marques, rien n’explique que depuis 2020, le chantier des championnats de jeunes soit resté fermé.

Pourtant, tous les programmes brandis sur papier brillant soulignent la volonté d’organiser ces championnats mais cela est resté une Arlésienne. De ce fait, à la date de ce jour où une sélection de jeunes vient de tomber au premier tour d’un tournoi sous-régional, il ne peut plus y avoir d’excuse qui vaille. Tout se passe comme si le secteur du football des jeunes ne concerne pas ledit bureau et le terrain est laissé aux bricoleurs et aux commerçants qui ont transformé le foot de catégories en un fonds de commerce sans doute juteux.

Ce sabotage institutionnel relève également de la responsabilité de certains acteurs du football national. Ceux qui le peuvent se rappellent sûrement que du temps de la normalisation conduite par le ministre Folly, le terrain avait été suffisamment déblayé pour le démarrage d’un championnat de catégories. Mais, contre toute attente, préférant sacrifier l’intérêt général sur l’autel de leurs intérêts égoïstes méprisables, des présidents de clubs et de ligues avaient fait feu de tout bois pour empêcher le démarrage de la compétition.

Cause lointaine de la situation actuelle. Ce championnat aurait été disputé, malgré le contexte de tensions et de contestations, et le bureau actuel aurait une référence sur laquelle se fonder pour aller vite. Ce n’est pas une excuse pour lui car il lui revenait de s’informer, si tant est qu’il veut vraiment ouvrir le chantier des compétitions de jeunes. Curieusement, on se hâte de nommer des sélectionneurs et leur demande d’aller gagner des tournois. Avec des joueurs qui ne sont pas titulaires dans leurs clubs de première ou deuxième division. Même Holete qui joue souvent dans la défense de l’ASCK n’a pas pu s’ériger en patron dans la défense et montrer aux autres le chemin à suivre. Comme on fait son lit, on se couche.

Il faut évoquer un second niveau de sabotage institutionnel. En nommant les sélectionneurs, personne au sein des décideurs n’a eu la présence d’esprit de faire prévaloir le principe de la continuité. On a juste pris des pions qu’on a placés çà et là, sans protocole. On aurait dû par exemple mettre à la tête des U20 me sélectionneur des U17 : celui-ci connaît a priori les joueurs qui ont fait de bonnes performances au cours du tournoi UFOA B à Lomé et il pourrait construire quelque chose de plus solide sur cette base. On a préféré mettre un autre à cette place ; celui-ci doit tout reprendre, surtout le temps pour connaître les forces et faiblesses des joueurs qui ont déjà évolué dans la catégorie inférieure.

Casting impertinent

Tout le monde s’accorde à reconnaître que l’absence de Karim Dermane a beaucoup pesé sur la prestation de la sélection. Dans les deux matches, il n’y a eu personne capable de contrôler le milieu de terrain et de mettre la balle au bon endroit pour la finition. On a ainsi vu souvent les Éperviers jouer à l’attaque rapide sans que personne ne soit capable de bien négocier heureusement de telles balles. Elles étaient systématiquement récupérées par les adversaires ou tombaient dans une zone sans partenaires.

Si en deux matches, la sélection n’a pas pu marquer de buts, c’est que le bastion offensif n’est pas efficace ; cela signifie aussi que les milieux ne sont offensifs que de nom. Dès lors, comment le sélectionneur a-t-il fait le casting ? Sur quelles bases a-t-il pris tel milieu, tel attaquant ? Les éléments évoqués si-haut l’excusent plus ou moins mais cela ne suffit pas. Au cours des quelques matches de préparation, n’a-t-il pas senti le mauvais vent ? Ce qui est incompréhensible, c’est le choix de faire venir des joueurs qui sont restés assis sur le banc au cours des deux matches. L’Afrique a vraiment un incroyable talent. On a donc dépensé de l’argent pour faire venir d’Europe des joueurs qui n’ont servi à rien.

Quelle logique ! Ou le sélectionneur s’est moqué du public, ou le bureau fédéral ne sait pas ce qu’il veut. Sensément, le recours à de tels joueurs doit avoir pour unique fin de renforcer l’effectif sur place. Cet état de choses apporte de l’eau au moulin de ceux qui criaient déjà au trafic d’influences et à la complaisance dans la constitution de la sélection. Certains de ceux-là sont sûrs que des joueurs comme Nutsuley de Kotoko et Adohoun (US Agbandi) auraient dû faire partie de la sélection et que leur absence s’explique par des « combines » et du « copinage ».

Ce qui est sûr, tout en considérant les circonstances atténuantes en faveur du sélectionneur, il va de soi que le casting impertinent n’a pas favorisé l’affaire es U20 au tournoi de Niger.

Dans un mois, ce sera le tour des U17. Leur tournoi aura lieu à partir du 11 juin au Ghana. Quel sera leur sort dans un contexte où l’absence e compétitions nationales complique la tâche des sélectionneurs obligés de jouer les thaumaturges ? Qui vivra verra.

 

Mawaki Sports
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