QATAR 2022/ LA FABULEUSE HISTOIRE D’AWER MABIL AVEC L’AUSTRALIE

 « Le football est fabuleux », dit-on. Il a également le mérite de proposer des histoires exceptionnelles de jeunes gens qui, grâce au football, sont sortis du mauvais sort que la vie leur imposait. Awer Mabil, hier gueux du Sud Soudan et réfugié, aujourd’hui international australien qui va disputer une coupe du monde, est une énième manifestation de ce que le football peut réaliser comme miracle dans le monde.

Le lundi 13 juin, l’Australie avait rendez-vous avec son histoire. Face au Pérou, les «Socceroos» devraient s’imposer dans ce match couperet pour s’ouvrir les chemins du mondial qatari. Aux termes du temps réglementaire, le score était nul et blanc de même qu’après les prolongations. Il fallait donc les tirs aux buts pour déterminer l’heureux élu.

Le sélectionneur de l’Australie choisit ses tireurs avec en dernière position Awer Mabil. Péruviens et Australiens se montrent particulièrement adroits, tous les tireurs marquent. Le cinquième tireur péruvien trouve sur son chemin le gardien Redmayne, lancé dans le jeu dans les derniers instants des prolongations. Ce dernier bloque le tir et, dès lors, le sort de tout un pays reposait dans les souliers d’un certain Awer Mabil. Le réfugié d’hier se présente et, avec un sang-froid sans égal, il convertit son tir. L’Australei chavire dans le bonheur.

De l’ombre à la lumière

Celui qui venait ainsi de propulser tout un pays au plus grand rendez-vous mondial du football vient vraiment de loin. Son histoire relève de l’anecdote et il faut bien dire que c’est une odyssée digne d’Homère.

Awer Mabil est arrivé en Australie en 2006. Il avait 11 ans et venait de bénéficier avec ses parents d’un programme de relocalisation du Haut-commissariat des nations unies aux Réfugiés (HCR). Jusque-là en effet, Awer et ses parents habitaient un camp de réfugiés à Kakuma, au Kénya. C’est d’ailleurs dans ce camp que le footballeur a vu le jour en 1995.

Une fois installé dans son nouveau pays, le jeune Awer se consacre à sa passion : le football. Il se fait remarquer et très vite se lance dans la jungle du football professionnel. Il joua tour à tour au Danemark, au Portugal, en Turquie de 2015 à ce jour. Le ticket pour Qatar 2022 et sa contribution particulière à cette réussite vont sans doute favoriser son transfert vers l’Espagne où il est annoncé du côté de Cadix.

Cette petite histoire combien la petite vie d’Awer Mabil, 26 ans, est remplie d’événements émouvants. Par un coup de chance, le HCR sort sa famille de l’enfer de la guerre civile de son pays, le Sud – Soudan d’une part, puis de celui de la vie de réfugié dans un camp en Afrique. On peut imaginer les conditions dans lesquelles le jeune homme a vu le jour et celles qu’il vit aujourd’hui en tant que footballeur professionnel et surtout international australien. C’est du simple au double, de l’ombre à la lumière, de l’enfer au paradis.

 Laboratoire de fraternité

Le sport en général, le foot en particulier, deviennent de plus en plus, un laboratoire de fraternité universelle. Pendant que les politiciens s’entretuent pour des raisons de nationalité ou de racisme, les sportifs leur font des pieds de nez en affichant toutes les fois qu’ils le peuvent des attitudes de vivre-ensemble et d’un monde où tous les hommes sont des frères.

L’histoire d’Awer Mabil est le témoignage que le foot a encore et toujours le pouvoir magique de faire disparaître les frontières et les barrières, quelles qu’elles soient. Noir, réfugié de guerre, Awer est accepté en Australie et a eu l’honneur de porter le maillot de la sélection nationale, sans que ses origines et sa couleur de peau ne soient un problème.

Bien d’autres exemples existent. En athlétisme, ils sont nombreux ces athlètes des hauts plateaux d’Ethiopie et du Kenya a courir sous la bannière de pats divers dont le Qatar. La situation est plus flagrante dans le football, évidemment. Dans la récente ligue des nations de l’UEFA, plusieurs sélections étaient encore en mode arc-en-ciel. L’Italie avait profité de la vitesse de Gnonto, joueur ivoirien d’origine, d’ailleurs buteur dans le match perdu 2-5 devant l’Allemagne. La Suisse, l’Auriche, Malte et autres avaient aussi leurs joueurs d’origine étrangère.

En Afrique, le phénomène des binationaux a placé le sport sur une autre dimension. Dans plusieurs disciplines, les pays africains profitent de la formation acquise par des athlètes nés de parents africains dans les structures professionnelles d’europe et d’ailleurs. Petit-Jean a ainsi représenté le Togo en ski aux jeux olympiques, le pays doit sa seule et unique médaille olympique à Benjamin Boukpeti, kayakiste franco-togolais.

Que dire de la sélection nationale de football du Gabon ? Dans leur configuration actuelle, les Panthères donnent le sentiment d’une sélection européenne mais il n’en est point ainsi. Ce n’est qu’une illusion que seule la magie du foot devenu le laboratoire de la fraternité universelle peut expliquer. Il est à envisager que dans 20 ans, des sélections européennes auront un visage d’immigrés pendant que celles d’Afrique seront remplies de joueurs aux cheveux défrisés. Qui vivra verra.

Mawaki Sports
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