FRANCE – MAROC/ VIVE POLÉMIQUE POLITIQUE

On ne sait pas encore ce qu’il va en être sur le terrain mais la demi-finale entre la France et le Maroc mercredi nuit à Doha est au centre de vives querelles politiques en France. Les politiciens se mordent ainsi le nez sur l’attitude normale que devraient afficher les Franco-Marocains et les Français d’origine marocaine à l’égard de l’équipe de France. Doivent-ils soutenir la France ? Doivent-ils se tourner vers la terre de leurs aïeux.

Deux camps s’opposent, sans merci.

Le premier est représenté par Christian Estrosi, ancien ministre et aujourd’hui maire de Nice. D’origine italienne lui-même, M. Estrosi s’indigne de l’attitude des Franco-Marocains et Français d’origine marocaine qui ont ostensiblement pris fait et cause pour le Maroc.

Dans la perspective de ce match de demi-finale de coupe du monde, il pense que tout ce monde devrait soutenir la France, sans réserve ni calcul.

« Je suis moi-même un immigré italien. S’il y a un jour un match France-Italie, je serais du côté de la France car mes grands-parents ont obtenu la nationalité française de haute lutte », a-t-il déclaré ce mardi matin sur le plateau de CNews

Dans la foulée, il lance une exhortation aux personnes qui se sentent concernées par le Maroc : « Je voudrais que ceux qui sont d’origine marocaine et qui sont devenus français, soient fiers d’être français.», a-t-il affirmé.

Dans l’autre camp où l’on retrouve des députés France Insoumise, on estime totalement impertinente la position du courant représenté par M. Estrosi. On est ainsi sûrs qu’il s’agit d’un simple match de football. Pour cela, il n’y a pas de mauvais sang à se faire selon que X ou Y soutient la France ou non.

« C’est un faux problème sur toute la ligne. On n’est pas moins Français parce qu’on soutient le Maroc au lieu de la France. C’est juste une préférence comme on peut être Français mais être fan de Messi au lieu de Giroud ou Mbappe », soutient-on à cette chapelle.

La polémique est énorme. Elle ressuscite les élans de chauvinisme et d’intégration, les velléités racistes d’un courant comme celui du Rassemblement national de la famille Le Pen.

Sur le plateau, M. Estrosi s’est notamment désolé de l’indifférence affichée depuis peu par des gens que la France a accueillis et intégrés. Il a fait remarquer que naguère la politique d’assimilation systématique produisait l’effet de développer chez chaque néo-Français un fort sentiment de fierté à l’égard de la France.

Selon lui, en ces temps-là, il n’y aurait même pas de doute que ce genre de Français soutiennent la France sans discuter. Il se désole surtout parce que les temps ont changé.

Haro sur Macron

Sur le même plateau, les invités se sont prononcés sur la présence du président Macron à la demi-finale du mercredi soir.

Certains politiques français condamnent fermement le choix du président de se rendre au Qatar. Pour eux, c’est une caution politique que M. Macron apporte au gouvernement qatari très décrié par les organisations de défense des droits humains.

Ce courant fait remarquer que, vu les critiques etd énonciations soulevées contre le Qatar pour les nombreuses violations des droits humains, la présence du président Macron signifie que la France prend fait et cause pour un gouvernement déclaré non fréquentable.

Il souligne l’actualité du scandale de corruption qui secoue le parlement européen. On vient de découvrir en effet que des eurodéputés auraient encaissé de l’argent du Qatar pour faire voter des textes en faveur de l’émirat. Ceux-là voient en ce scandale une raison de plus pour M. Macron de rester à l’écart et de ne pas s’associer à ce qui se passe là-bas.

Le président avait promis aux Bleus de se rendre au Qatar si l’équipe atteignait l’étape des demies. Il tient donc une promesse.

Le match France-Maroc est historique. Non seulement ce sera la première pour une équipe africaine mais aussi la première rencontre entre la France et un pays africain à cette étape d’une coupe du monde.

Après avoir éliminé l’Espagne et le Portugal, le Maroc est attendu pour un énième exploit de se débarrasser de la France pour se hisser en finale.