ÉDITORIAL/ SADIO MANÈ : CHAQUE CHOSE ARRIVE EN SON TEMPS

La Confédération africaine de football (CAF) a célébré les acteurs qui se sont démarqués cette saison par leurs performances et leur contribution au rayonnement du football africain. Au cours d’une soirée des awards dans le somptueux cadre du complexe Mohammed VI, Sadio Mané a été distingué comme le meilleur joueur africain de la saison. C’est mérité et il en ressort la grande leçon de la vie : chaque chose arrive souvent en son temps.

Toujours peut-être. Je suis tenté sur le coup d’évoquer deux formules bien connues. La première dit qu’on peut réussir à 60 ans, connaître la gloire et le prestige que d’autres ont eus à 23 ans. Ce n’est pas faux, s’agissant de Sadio Mané.

La seconde formule laisse entendre que c’est au soleil couchant que les Indiens font la guerre. Qu’importe le relent peu amène de cette formule : il me semble juste d’en dire spécifiquement que le Ciel a attendu le soir de sa carrière pour faire briller le soleil de Mané. Aujourd’hui, c’est lui ; hier, c’étaient les autres ; demain, ce sera d’autres encore. À chacun sa fortune.

Je me souviens, comme si c’était le mois passé, de cette année 2018 à Accra. Au Centre International des Conférences de la capitale ghanéenne, Sadio Mané, arrivé pour la cérémonie des awards, était conduit sous escorte pour sortir de la grande salle ; il croise un groupe de journalistes et, en dépit de la réticence des gardes, il s’arrête, échange quelques mots puis les gros bras le tirent vers la sortie. Je me souviens d’une phrase : « Priez pour moi ». Le soir, c’est Salah qui a été couronné, Mané était second.

Pourquoi le nouveau joueur du Bayern Munich avait-il senti le besoin de nous convier à implorer le ciel pour lui ? Sans doute pas pour gagner le trophée ce soir-là puisqu’il devait savoir que ce n’était pas lui. Sans doute s’était-il déjà projeté dans le futur et, sentant les challenges et mesurant les ambitions, il avait trouvé juste et fertile d’inviter les interlocuteurs et surtout admirateurs (malgré tout) que nous étions, à avoir de bonnes intentions pour lui.

Oui, champion. Les prières sont montées aux cieux et il a plu au Très Miséricordieux de vous donner l’inspiration et le courage pour faire la saison homérique dont on ne cessera pas de parler. Chaque chose arrive en son telps, c’est vrai, et souvent, les bonheurs s’accumulent et se bousculent pour sortir de la box des fatum au même moment. FA Cup, finale de la ligue des champions, champion d’Afrique, qualifié au mondial Qatar 2022 avec pour les deux derniers événements, le statut de celui dont le penalty décisif a décidé du bonheur de plus de 25 millions de semblables.

Je me souviens du pénalty raté en 2017. De tout ce qui a suivi. Du spleen. Du malaise. Du mot d’ordre de la mère. Tout cela est bien à présent dans la corbeille du passé. Je veux dire ceci : félicitations, Sadio, le soleil commence juste à briller.