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EDITORIAL/ MERCI À L’ASCK !

Mon effusion peut fare sourire plus d’un certes, mais je ne doute pas un seul instant que l’ASCK est en train de rendre un service immense au football togolais. Sa « menace » de renoncer à une participation à la ligue africaine des clubs champions est pour moi une aubaine à saisir, une bouffée d’oxygène pour hydrater les poumons du sport-roi au Togo.
J’explique : sous réserve que le club champion du Togo ne tourne pas Casaque, son coup d’éclat aura le mérite de forcer tout le monde à faire une pause et à réfléchir à ce que nous faisons au Togo.
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L’ASCK ne veut pas disputer de première journée de la ligue des champions en septembre parce que selon ses responsables de premier plan, il n’y a pas d’argent. « Na money na cosam », dirait-on dans les rues de Lagos. C’est donc une affaire d’argent et je comprends très bien ce que dit l’ASCK. Je rends souvent témoignage que naguère je reprochais beaucoupd e choses aux présidents de clubs mais que de depuis peu je m’incline devant leur sens de responsabilité et de sacrifice.
Un récent dossier réalisé pour les confrères de L’Equipe sportive, bimensuel d’informations sportives paraissant à Lomé, a permis de souligner combien les présidents de clubs se saignent pour maintenir les clubs en vie. Entre 50 et 70 millions F CFA sont « siphonnés » de leurs poches annuellement pour faire disputer le championnat de première division. En contrepartie ? L’Etat et la fédération leur jettent au visage une dizaine de millions. Recettes de transferts de joueurs ? Allez chercher s’il y en a.
Cela dure depuis des années. Mais toujours les clubs font le miracle de représenter le Togo dans les compétitions interclubs, Togo Port et ASKO ont même réussi à atteindre la phase de poules. Je me garde d’évaluer ce que cela leur a coûté, davantage pour ASCK et ASKO qui boivent le calice depuis plusieurs saisons de suite. Le soutien de l’Etat ? Une goutte d’eau dans l’océan et je me garde d’en dire plus.
L’ASCK doit donc être félicitée. Sa décision de ne pas répondre au challenge de cette année est le signe d’un gros malaise. Le président d’honneur Amah Chérif et ses sponsors n’en peuvent plus, ils en ont jusqu’au cou, ils sont essoufflés.
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MERCI. Je dis merci à l’ASCK parce que son coup de gueule devrait forcer les autorités politiques et sportives à envisager autrement les conditions de pratique du football. Ce coup de gueule envoie un message clair, à mon sens : passons à autre chose, sortons des sentiers battus de l’amateurisme. Il est temps de se magner, de s’ébrouer et de changer de cap.
Je pense qu’il est vraiment temps d’accélérer le processus de professionnalisation de ce football. Autour de nous, la D1 Lonato est sans doute la seule compétition d’élite qui soit restée amateur. On en parle un coup, on se tait pendant des années, on ne sait quoi faire, alors même que, très à côté, les gens n’ont pas eu besoin de tergiverser autant avant de lancer la machine de la professionnalisation.
Dans un contexte professionnel, l’Etat mettrait beaucoup d’argent et des conditions fiscales et administratives seraient créées en faveur de l’implication dans le football de ceux qui ont de l’argent et dont souvent ils ne savent quoi faire.
Je pense qu’il est temps d’accélérer le processus afin que très rapidement le football togolais quitte les rivages encombrants de l’amateurisme pour gagner ceux du professionnalisme. Plus on traîne les pas, plus la plaie va s’agrandir, plus on aura à gérer des cas émotionnels comme celui généré par la « menace » de l’ASCK.
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Saura-t-on tirer le meilleur parti de la situation créée par le retrait annoncé de l’ASCK ? Veut-on éviter qu’à l’avenir un autre club ne connaisse les déboires de Doumbe dans la D1 Lonato de cette saison ? Il faut en faire le choix. Je n’en dis pas plus.