ÉDITORIAL/ ILS SONT REVENUS DE L’ABATTOIR…

Il s’agit de la sélection nationale U17 du Togo. La semaine dernière, ils étaient au tournoi de l’UFOA B à Cape Coast et étaient censés revenir avec un ticket pour la phase finale de la coupe d’Afrique de la catégorie prévue l’année prochaine. En réalité, c’étaient des adolescents qu’on a envoyés à l’abattoir, avec un rêve cynique de les voir réaliser l’ineffable, l’impossible, l’indicible, le miracle. En un mot. On croit trop au miracle dans ce pays et il est temps que cela s’arrête.

« Plus jamais ça » : la formule devrait faire l’objet d’un hachtag sur tous les réseaux sociaux. Tous les Togolais, concernés ou non par le football, devraient constituer une chaîne à travers le pays et, chacun répétant la formule à la suite de l’autre, elle ferait le tour du pays, ferait suffisamment de bruit, tant de bruit que tous les sourds l’entendraient. On en fait un peu trop et je crois que l’heure est venue afin qu’on montre moins de légèreté et de laxisme quand il s’agit des sélections de jeunes.

Ces adolescents habiles de maillots aux couleurs du Togo et appelés Éperviers U17 : om les a-t-on trouvés ? Quel Togolais peut dire comment leur sélection a été faite ? Qui se souvient des jours de stage qu’ils ont eux avant d’être jetés dans la gueule des vautours et rapaces abusivement désignés U17 du Nihéria et du Ghana ? Je veux bien me faire violence en passant sous silence les conditions dans lesquelles cette « sélection » a rejoint Cape Coast ; je veux volontiers me concentrer sur ce qui devrait être fait mais qu’on refuse de faire dans ce pays ; je vais me contenter de crier mon indignation face à un contexte où l’on sait ce qui est bien maos où l’on préfère l’approximation, le bricolage.

Au cours des deux matches contre le Ghana et le Nigéria, Agbeko et ses camarades n’avaient que leur volonté et leur talent. Ne leur parlez pas d’expérience, ils n’en savent rien. Combien de matches ces adolescents ont-ils joués en effet depuis leurs 15 ans pour prétendre affronter une telle compétition où tous les coups sont permis ? Quek vécu avaient-ils pour pouvoir jouer deux matches sensibles mardi et vendredi ? Leurs adversaires révèlent beaucoup d’expérience dans le jeu balle au pied et dans le positionnement tactique tant et si bien qu’on peut encore se demander si leur âge est le même que celui des Togolais. Passons.

Depuis es années, des décennies, il n’y a pas de compétitions nationales U15, U17 ou U19 mais on a toujours engagé le pays dans les compétitions de catégorie. Au Niger récemment, on a poussé assez loin le loufoque en faisant revenir des joueurs e France et d’Irlande mais qu’on n’a pas utilisés une seule minute. Ces U17 sortis de nulle part, fruit de la persévérance et de la thaumaturgie du staff technique n’avaient pas les armes pour rivaliser avec leurs adversaires nigérians et ghanéens ; quelqu’un a osé dire qu’ils jouaient comme dans un match d’une 5ème A contre 6ème B. C’est un commentaire sans doute sévère mais il est l’expression de la déception et de la rage liés au sort fait à cette sélection, par-delà elle, à toutes les sélections de jeunes du pays.

De deux choses l’une : ou on veut faire le foot des jeunes et on trouve la pertinence d’organiser des championnats régionaux puis nationaux avant d’en dégager les meilleurs pour les sélections nationales ; ou on n’en est pas capable et on arrête de torturer les sélectionneurs, d’ailleurs sans contrat ni salaires, en leur demandant la lune. Trop, c’est trop.

Je souhaite donc que tout le monde répète après moi la formule « plus jamais ça » afin qu’on change le destin du football des jeunes dans le pays. Il y a du travail à faire et cela Ne peut pas attendre.

Mawaki Sports
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