ÉDITORIAL/ 5 SEPTEMBRE 1972 : LE JOUR OÙ LE SPORT A COULÉ DES LARMES DE SANG…

Que peuvent bien chercher des hommes armés, à la mine patibulaire, dans un village d’athlètes ? Je ne sais aps si quelqu’un peut donner assez facilement une réposne à cette question. Le moins qu’on puisse dire est que le schéma ressemble fort bien à celui des cheveux qu’on retrouve dans la soupe au moment où, happés par la faim et excités à l’idée de la calmer par une soupe bien chaude et épicée, on se retrouve nez à nez avec des cheveux de femmes puant la synthèse de toutes les lotions et crèmes pour cheveux. Le 5 septembre 1972, la famille mondiale des sports a pourtant vécu cette situation inédite qui a forcé les sports à couler des larmes de sang.

Je repose la question : que peuvent bien chercher des hommes armés, à la mine patibulaire, dans un village d’athlètes ? On peut rassembler toutes les têtes bien faites du monde et leur soumettre la question. Je ne doute pas qu’il leur soit impossible de donner, sans coup férir, la réponse qui soit imbattable. Cela signifie que c’est une situation très anormale qu’il faut ranger dans le registre de la contradiction saisissante et troublante. Par euphémisme.

Sans être oiseau de mauvais augure, sans prétendre ou vouloir me faire disciple du Maquis de Sade, je considère que la perspective des jeux olympiques Paris 2024 autorise à envisager le cinquantième anniversaire du drame de Münich sous un autre jour, celui du rapport que certains égarés peuvent entretenir avec les sports et avec les sportifs.

Dans deux ans, le monde des sports sera, dans la capitale française, au rendez-vous du plus grand événement sportif du monde. Quand je me rappelle que depuis 2011 la France est entrée dans l’œil du cyclone, visée et meurtrie de part en part par de prétendus défenseurs de l’islam et de son prophète, quand je revois, comme dans le miroir rectangulaire solidement fixé au coin de la chambre de toutes les femmes du monde, les scènes de Charlie Hebdo, du Bataclan, je ressens le poids d’un effroi que filerait l’irruption de ces fous dont se passeraient assez bien même les asiles les plus démocratiques.

De Münich à aujourd’hui, c’est ce qu’ils sont.

Que dire en effet de personnes sensées qui trouvent juste de s’attaquer à des sportifs dont l’œuvre fait le bonheur de toute l’humanité ?

Que dire de ces désaxés qui traumatisent le monde au moment où il ne veut qu’une seule chose : profiter des joies et du bonheur indiicble des arènes de sport ou de compétition sportive ?

C’est à ce niveau qu’éclôt le drame. Je considère qu’ils sont inexcusables tous ces hommes qui ont osé s’en prendre à des athlètes qui, loin d’être des malfaiteurs ou des gens inutiles, ont plutôt le mérite de se saigner sans retenue afin que des millions de gens, dans les tribunes et dans les salons, puissent jouir de leurs droits au loisir, à l’épanouissement moral et mental. De leur droit au bonheur.

Je dis que ce sont des monstres.

De Münich à ce jour, c’est ce qu’ils sont.

Des ennemis de l’humanité, c’est un euphémisme. Ils sont pareils, à des degrés divers, à leurs sulfureux descendants qui prennent plaisir à remplir l’air des arènes de football et de sport des chants honteux et méprisables de racisme et d’homophobie.

Je dis que ce sont d’affreux dinosaures. Je dis que le daible est en eux ; je trouve que Hitler les habite. Pour payer le tribut au grand Césaire…

Devoir de mémoire : cinquante ans après Münich, je m’incline devant la mémoire de ceux qui sont tombés sous les balles des névrosés qui ont pris leurs illusions pour de la vérité.

Devoir de condamnation : tutti quanti, ils sont méprisables. Leur dessein funeste est hideux et c’est peu de dire qu’il est à combattre sans merci. Leur dessein est malheureux davantage parce que, de plus en plus aujourd’hui, le sport est devenu le meilleur créneau de fraternité, d’harmonie et de vivre-ensemble.

Plus de frontières. Plus de place aux ghettos identitaires. Un Sud-Soudanais peut mouiller le maillot sans retenue pour l’Australie ; une Kenyane peut courir après des médailles en faveur du Qatar ou du Portugal ; un Ethiopien peut s’engager pour le bonheur de la République tchèque ; blacks, blancs, beurs et visage pâle cohabitent et s’embrassent, construisent et célèbrent ensemble les victoires, ressentent à tout point de vue le dépit des défaites et des échecs.

C’est la magie du sport et c’est ce sport qu’il faut pour notre humanité.

Ad vitam aeternam…

Photo: dw.com

Mawaki Sports
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