EDITORIAL/ ELLES N’Y SONT POUR RIEN !

La saison est terminée pour la sélection nationale de football dames U20. Battues 1-0 le dimanche dernier à Sfax par la Tunisie en match retour du premier tour des éliminatoires du mondial de leur catégorie, les Eperviers U20 s’arrêtent ainsi dans un parcours qui devrait être plus long. C’est la Tunisie qui va poursuivre le parcours pendant que Nora et ses coéquipières doivent rester à la maison et suivre le reste à la télévision ou via les réseaux sociaux. Comme de coutume, on n’a aps fait ce qu’il fallait pour obtenir un résultat autre que cette élimination. Comme de coutume, la faute ne revient pas aux joueuses, ni au staff. Comme on fait son lit, on s’endort, disent les Français.

Quelqu’un a proféré dans l’une de ses chansons cette sentence : « Ce qui est bizarre, c’est de faire toujours les mêmes choses et de s’attendre à des résultats différents ». je peux m’empresser de l’expliquer en français facile. Cette sentence signifie qu’on ne peut pas se permettre de semer des graines de sorgho chaque saison et attendre de récolter du mil au moment des récoltes. On récolte donc et toujours ce qu’on a semé.

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Le moins que je puisse dire, c’est que le Togo refuse d’apprendre la leçon. Je constate que notre pays est dorénavant semblable à un élève qui se présente à son examen dans les mêmes conditions mais attend de voir son nom sur la liste des admis. Peut-on réussir à un examen de mathématiques si l’on a passé le temps à dormir la tête posée sur le cahier de mathématiques, ou si l’on a pris le plaisir de s’amuser pendant que les autres candidats travaillaient sans relâche à repasser les leçons, à faire exercice sur exercice ?

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Je ne peux pas ne pas conclure que le Togo ne sait pas ce qu’il veut, en réalité. J’ai de plus en plus le sentiment que l’on s’engage dans de telles compétitions en dilettante. « Si ça marche, ce sera Dieu merci. Dans le cas contraire, la vie continue », voilà ce qui semble résumer la dynamique au Togo. Avec les U20 dames, on n’a pas fait autrement les choses. Deux ou trois stages à l’approche de la compétition, une sélection au pas de charge, un staff obligé de faire en deux ou trois mois ce que des collègues ont mis deux ou trois ans à mettre en place puis se remettre à la Providence, le schéma est bien connu.

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Le résultat aussi. Malheureusement. Les Eperviers U20 Dames n’ont pas pu jouer d’égale à égale avec leurs adversaires tunisiennes. Certaines voix se sont élevées pour s’indigner de la qualité du jeu produit à Sfax, au match retour. L’élimination est juste une logique. Là-dessus, je proclame haut et fort que les filles n’y sont pour rien. Je proclame haut et fort que Théophile Kpakpo Koumi n’y est pour rien. Je proclame haut et fort que c’est la faute à ceux qui les ont envoyés au combat sans leur donner les armes nécessaires.

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La FTF ? C’est la coupable naturelle. Mais je considère qu’il faut y regarder de plus près. Les sélections nationales étant du ressort discrétionnaire de l’autorité politique, la fédération n’étant qu’une autorité délégataire, il va sans dire que le principal et unique coupable, c’est l’Etat.

Je le dis parce que si la fédération n’est que délégataire, elle ne peut pas faire au-delà des moyens mis à sa disposition.

Je le dis parce que si la fédération n’est que délégataire, elle ne peut pas organiser de championnats de jeunes si l’Etat ne lui en donne pas les moyens.

Je le dis parce que les échecs dans ces différentes compétitions de catégories s’expliquent a priori par l’inexpérience des joueurs/joueuses. Ces filles qui viennent d’être éliminées ont disputé combien de matches avant d’affronter la Tunisie ? Prises individuellement, quelle expérience de matches de  compétition avait-elle dans les jambes avant d’être lancées dans le grand bain ?

Comme c’est la coutume pour les garçons des différentes U, on ne s’assure pas de créer les conditions idoines, on lance les jeunes, on les envoie à l’abattoir. Jusqu’à quand ?

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Chose étrange, monstrueuse et scandaleuse : le  ministère des sports a fait monter une sélection U15 dames deux ans en arrière mais n’a pas été capable de poursuivre le projet en faisant monter une sélection U17 qui va générer plus tard une sélection U20. Quelle gouvernance !

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Je me garde d’en dire plus. Je veux me contenter de dire que si l’hémorragie doit s’arrêter, si l’on veut que les sélections de catégories garçons et filles connaissent une meilleure fortune dans les compétitions, il faut que l’Etat fasse autrement les choses. Il faut que l’Etat trouve les moyens financiers pour faire faire les compétitions de jeunes. C’est un impératif catégorique. C’est d’ailleurs une lapalissade.

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